Le synode a mis en évidence la nécessité et l’urgence de profondes réformes. Dans notre pays, une grande majorité de catholiques considère que s’opposer à des réformes substantielles ôterait son sens à la démarche synodale. Cela ruinerait l’espérance qu’elle a fait naître. L’Église se saborderait en refusant de véritables évolutions quant à la manière de décider, d’organiser et d’animer la vie ecclésiale. A ce jour, peu de progrès ont été réalisés au sein de l’Église en termes de coresponsabilité. Des réformes urgentes s’imposent quant à la place des femmes au sein de l’Église. La récente nomination au Vatican de laïcs et plus récemment de femmes au sein de dicastères est un pas dans la bonne direction. Tout récemment la nomination en Belgique de femmes laïques à des postes clés de responsabilité est un réel signe d’ouverture.
L’égalité femme-homme
Il est urgent de mettre fin aux discriminations basées sur le genre dans l’attribution des responsabilités et des services au sein de l’Église catholique. A cet égard, l’exclusion des femmes est perçue comme une injustice. Mettre fin à ces discriminations devrait conduire à ouvrir aux femmes les ordinations non seulement diaconales mais aussi presbytérales voire épiscopales. Si les laïcs adhèrent bien entendu à l’ouverture aux femmes du diaconat, il est très clair qu’ils considéreraient ce progrès comme un premier pas dans la fin des discriminations. La création de femmes cardinales, pourrait aussi être envisagée, leur donnant ainsi un rôle de conseil du pape et d’élection de son successeur. L’Église est appelée à modifier son regard et son message sur la sexualité. Tout ce qui est lié à un regard d’un autre temps vis à vis de la femme n’a entrainé que de la discrimination
Décentralisation
Le CIL adhère à une approche de décentralisation et estime que pour réaliser les réformes urgentes qui sont attendues, les assemblées des conférences épiscopales de chaque continent devraient avoir la possibilité de faire les choix adaptés à leur contexte. Dans le cas de l’Europe, mais aussi d’autres continents il faut même envisager une approche par sous-continent (Europe de l’Ouest).
Ministère ordonné
La question qui est posée est celle du ministère ordonné. Souvent c’est autour d’elle que se concrétise actuellement une certaine conception du peuple de Dieu (image du prêtre, des sacrements, du sacré). Interrogeons-nous préalablement sur le sens à donner à la vie des communautés et à revoir les ministères d’après les besoins réels et évangéliques de celle-ci en fonction de la culture dans laquelle nous sommes insérés. Dans le cas contraire, on n’aura fait que de poursuivre « une politique palliative ».
Responsabilité des communautés
Le maître mot doit être la coresponsabilité. Pour l’animation et la présidence des communautés, il convient d’ouvrir ce service non seulement aux prêtres mais à tout baptisé dont le mandat temporel et éventuellement renouvelable serait reconnu par l’évêque. La fin du cléricalisme dénoncé par le pape est cruciale. Des délégations sacramentelles pourraient être instituées pour la célébration des sacrements, telles que par exemple pour l’onction des malades.
Formation
Pour mettre en œuvre les réformes souhaitées, la formation est un préalable à la prise de responsabilité. Cette formation qui met le Christ au centre est toujours à renouveler en fonction du monde d’aujourd’hui.
Célibat
Le lien obligatoire entre le sacerdoce et le célibat est remis en cause. Le célibat devrait être un choix personnel.
Viri probati – ordination d’hommes mariés
La question des « viri » probati et l’ordination des « hommes » mariés est importante et devrait être acquise sans tarder, mais à nouveau il ne s’agirait que de premiers pas dans la direction de réformes plus fondamentales attendues par les laïcs.
La Justice sociale
Il manque au projet une dimension essentielle qui fait partie de l’essence même de la doctrine de l’Église et qui est plus que jamais prioritaire. Pour rendre plus crédible le message de notre Église , la justice sociale devrait être une priorité absolue. Les chrétiennes et les chrétiens doivent témoigner de leur foi dans le monde et être à l’écoute des plus pauvres et des exclus selon l’enseignement et la doctrine sociale de l’Église .
S’attaquer résolument aux causes de la pauvreté et de l’exclusion est un devoir absolu pour l’Église et tout chrétien. L’objectif doit être l’Inclusion de chaque être humain et le respect de leurs droits. La justice sociale doit comprendre la question de la fracture numérique qui frappe une part très considérable de la population mondiale mais bien entendu aussi de notre pays.
En conclusion :
Les laïcs espèrent que notre Église retrouve son souffle en s’ouvrant à une réelle réforme et annonce l’Évangile dans une parole audible et vécue. L’essentiel de la foi réside dans la Parole du Christ, l’Eucharistie, la prière, un désir de vie solidaire dans des chantiers renouvelés. Les laïcs sont prêts à devenir acteurs d’une vie communautaire vivante, dans une dynamique de coresponsabilité et à agir pour une Église pauvre au service des pauvres et des exclus. Associons les femmes aux décisions et à l’organisation ecclésiales. Les attentes sont à la hauteur des défis auxquels l’Église est confrontée. Il n’est pas pensable que les différentes sensibilités exprimées au synode conduisent à convenir d’un plus petit commun dénominateur.
Le C.I.L. espère que le synode conduise à une renaissance de l’Église , une Église plus fraternelle et respectueuse de chacun des membres du peuple de Dieu, quelles que soient leurs différences, femmes- hommes, clercs, laïcs, pauvres et exclus.